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L'ombre d'un doute
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17 septembre 2005

Jean Baudrillard et Edgar Morin - La Violence du Monde (Editions Du Félin)

2001_11_09Ce petit livre est la restitution de conférences prononcées à l’Institut du Monde Arabe par les deux sociologues, cherchant au-delà des réactions de haine et de contre-haine à interroger, à propos des sinistres attentats du 11 septembre 2001 à New York, la globalité de la violence de notre monde en détresse. Deux approches du sens du terrorisme contemporain et de l’état d’un monde où peut naître cette violence absolue.

Baudrillard croit discerner dans l’architecture arrogante des Twin Towers un lien logique et symbolique avec leur destruction. Jusque dans leur échec, les terroristes ont réussi leur coup en ratant la Maison Blanche. Ils ont montré involontairement que ce n’était pas là la cible essentielle, que le pouvoir politique ne signifiait au fond plus grand chose et que la puissance était ailleurs. Il distingue de la violence réelle, historique, avec une cause et une fin, la terreur, phénomène extrême qui n’a pas de fin. Plus violente que la violence. Le terrorisme ne porte en lui aucune alternative idéologique ou politique, c’est en cela qu’il est l’objet – aussi – d’une jubilation, qu’on ne retrouve jamais dans l’ordre réel des choses. Si le système est un cancer, il en est sa métastase.

Pour Edgar Morin, le processus d’unification de la planète par l’économie marchande, la science, la technique et les standards occidentaux se mêle – paradoxalement ? – à la désintégration de la foi dans le progrès. Le désir de ne pas perdre son identité nationale, religieuse, culturelle, associé au réflexe de se retourner vers le passé qui cesse d’être un tissu de superstitions pour devenir un recours, engendre intégrisme, fondamentalisme, nationalisme. Si les progrès scientifiques, sociaux, médicaux sont admirables, il fait sien le diagnostic de Rousseau : tout progrès, surtout s’il est matériel ou technique, se traduit par une régression dans un autre sens.

Et de souligner l’obligation de ne plus continuer dans la même voie mais « d’imaginer un commencement ». Les peuples ne sont peut être pas mûrs pour avoir pleinement conscience d’une citoyenneté commune, toutefois la résistance à l’hégémonie de l’occidentalisme existe, il y a des ébauches de citoyens terrestres. A la probabilité du désastre Edgar Morin oppose deux principes d’espérance : celui de la métamorphose qui fait que la chenille, en s’autodétruisant, s’autoconstruit en un être nouveau qui est le même tout en étant un autre ; la conviction que, si on veut bien essayer d’agir en sa faveur, l’improbable peut se transformer probable et le probable en improbable.

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